Le mardi 13 octobre, le Président de la République a énoncé les grands axes d’une nouvelle réforme des lycées : il dit vouloir lutter contre le déterminisme social et permettre la réussite de tous mais précise aussi que cette réforme ne coûtera rien … Rien n’est dit d’ailleurs sur les conditions de travail (notamment les effectifs) qui obèrent la réussite des élèves.

Aujourd’hui, nous examinons le bilan de la rentrée 2009 dans le second degré : ici aussi nous allons parler de réussite scolaire, de prise en compte des publics difficiles, de l’accueil des handicapés … et constater que nos classes, dans le département, sont de plus en plus chargées. Malheureusement, nous devons encore rappeler que notre académie est dernière pour le taux d’encadrement en lycée, antépénultième pour les collèges ; que l’année dernière vos services, M. L’Inspecteur d’Académie, avaient prévu 296 élèves de plus en collège et que pourtant 35 fermetures de postes ont eu lieu dans le second degré. Finalement, nous avons à cette rentrée 97 élèves de plus que la prévision (hors Segpa et élèves scolarisés en lycée en DIMA ou dans le module découverte professionnelle). La démographie progresse dans le Var, pour autant, nous continuons à perdre des postes, le rattrapage académique n’a pas eu lieu et nous nous trouvons à cette rentrée avec un H/E particulièrement faible : le deuxième plus mauvais si on regarde ces dix dernières années.

Dans un contexte difficile, les disparités entre établissement sont particulièrement frappantes : un établissement se retrouve avec un H/E à 1,10, un autre à 1,15. Parfois des établissement ont eu plus de vingt élèves de plus et n’ont pas obtenu une heure supplémentaire, d’autres avec parfois trente élèves en moins n’en ont pas rendu. Nous faisons souvent cette remarque lors du CTPD de rentrée, vous nous répondez que vous faites du cas par cas, que tout dépend de ce que demande l’établissement et si les élèves en plus arrivent sur un même niveau ou s’ils sont répartis sur les quatre niveaux du collège. Mais, il ne s’agit pas que de demandes ou de non-demandes de chefs d’établissement : des principaux ont dit aux réunions de prérentrée qu’ils avaient demandé des moyens en plus pour dédoubler au moins des groupes de langue et qu’ils n’avaient rien obtenu ! A Lorgues, il a fallu un mouvement des personnels, des parents, une médiatisation de la situation pour qu’on donne des moyens pour créer une classe : ce n’est pas normal. Chaque année nous le redisons : la façon dont les heures sont distribuées dès juillet n’apparaît ni transparente ni équitable à l’ensemble de la communauté éducative. Peut-être devrait-on essayer de réfléchir à des « règles », se donner un mode opératoire ? Dans tous les cas, il faut qu’on réfléchisse collectivement à ce problème.

Les disparités apparaissent aussi dans les structures particulières et les parcours diversifiés des établissements. Les choses ont cependant bien progressées au niveau des sections européennes par exemple ou des sections sportives. Il n’en reste pas moins qu’alors que les 3èmes d’insertion devaient « toutes » disparaître (nous reprenons ici les propos de votre prédécesseur), 1 collège sur 5 en possède encore ; que si les collèges devaient « tous » proposaient la DPE 3, presque un collège sur 4 n’en est pas pourvu.

Des établissements nous signalent enfin des tensions liées au manque de moyens dès la rentrée. Trop de chefs d’établissement ne respectent pas les statuts et, au prétexte qu’ils manquent d’heures, ne donnent plus les heures de labo ou les heures dites « de vaisselle » : nous étions déjà intervenus sur le sujet il y a quelques années et, à nouveau, les tensions reprennent. Nous demandons que les textes soient appliqués et nous soutiendrons les collègues qui iront en TA si rien ne se règle. De plus, on dit, dans certains établissements, aux collègues qui ont des classes dédoublées qu’ils auront une majoration de service : nous rappelons que le texte sur les majorations concerne les classes à faible effectif et pas les dédoublements. Une circulaire du ministère avait par exemple clarifié les choses sur les groupes de technologie. Là encore nous souhaitons que ce genre de pratiques, qui ne respectent pas les textes, cessent.

Alors que nous allons débuter nos travaux, il est indispensable de rappeler que le gouvernement persiste dans sa volonté de ne pas remplacer un départ en retraite sur deux et annonce, au budget 2010, 34 000 suppressions de postes dans la Fonction publique dont 16 000 pour l’Education Nationale.
- – 18 202 emplois de stagiaires

- – 600 emplois administratifs
- + 2 182 emplois dans le premier degré au titre de la démographie

- + 144 emplois dans le second degré pour les établissements défavorisés.

Si on fait le compte, c’est par exemple 45 000 emplois qui ont été supprimés dans le second degré depuis 2003 : comment alors revendiquer une véritable politique éducative ambitieuse qui réponde aux besoins des élèves, des familles, de la société ? Il faut diminuer les effectifs des classes, aider les élèves sur le temps scolaire, mieux former les enseignants… et non réduire massivement l’emploi public.

Quant à la revalorisation, nous considérons les propositions de M. Chatel au CTPM comme une véritable provocation : nous revendiquons une revalorisation pour tous et on nous parle de « cas par cas » ; nous demandons une reconstruction de la grille et l’augmentation du point d’indice, et notre ministre ne propose que d’augmenter les enseignant-es en début de carrière. Or, pour les nouveaux recrutés au Master, la proposition de 100 euros d’augmentation du salaire est indécente car elle ne reconnaît même pas cette qualification : recrutés un an plus tard avec un diplôme supérieur, ils seraient rémunérés à un salaire inférieur à celui des actuels recrutés après un an d’enseignement.

On demande de plus en plus aux enseignant-es et de nouvelles missions viennent tous les jours s’ajouter à des emplois du temps bien chargés. Dernièrement vous avez d’ailleurs expliqué aux chefs d’établissement et aux professeurs du Var réunis au Coudon que l’épreuve d’Histoire des arts se ferait à moyens constants et que les collègues devraient évaluer en binôme un travail interdisciplinaire d’élèves sans aucune heure prévue pour la concertation entre collègues. De plus en plus l’école semble pilotée par le budget aux dépens du service public, des conditions de travail et de l’avenir des jeunes.

Pour toutes ces raisons, la FSU entend construire un grand mouvement pour l’Education Nationale : une grève au moment du vote du budget semble ainsi inévitable.