Déclaration d’ouverture faite par Marianne BABY (FSU nationale) au nom des organisations :
Plus que jamais dans cette période de crise, l’éducation doit faire l’objet d’une priorité. Priorité qui permette de faire réussir tous les jeunes, d’élever le niveau de qualification, de développer formation initiale et continue, de former des citoyens.
Plus qu’un coût l’école constitue une chance pour l’avenir de notre pays. Le cri d’alerte que nous avons lancé à travers des milliers d’initiatives au cours d e cette année scolaire est plus que jamais d’actualité.
La préparation de la rentrée 2009 comme les réformes conduites à marche forcée, le désengagement de l’état, la préparation du budget 2010 comme l’appauvrissement du service public et laïque d’éducation risquent de provoquer de véritables régressions dans une société minée par les injustices et les inégalités.
Au contraire la crise que nous traversons appelle une politique éducative ambitieuse qui mobilise l’engagement des personnels, développe les initiatives des associations, construise de la confiance en mettant au cœur des choix la réussite de tous les jeunes.
Les droits à l’éducation sont encore à construire contre le mauvais film que représentent les choix éducatifs et budgétaires actuels. Les organisations réunies dans le collectif « Un pays, une école, notre avenir » vous appellent à les mettre à l’honneur dans chaque département du 11 au 19 mai en multipliant les initiatives de « remises de palmes » auxquelles participeront les représentants nationaux de nos organisations.
En cette période qui est aussi celle du festival de Cannes, l’école, les élèves méritent aussi que l’on déroule le tapis rouge.
Le maître de cérémonie (Alain TIBERTI) prend la parole :
Le tableau qui vient d’être dressé prouve de manière éclatante que le MEN travaille !
Il travaille et produit ! Cela même les plus réticents à lui trouver quelque mérite sont obligés de le reconnaître.
Personne ne peut nier l’ardeur mise à démolir notre système éducatif.
Personne ne peut nier les trésors d’imagination mis au service d’un tel noble but, les pépites d’innovation, les diamants de propositions nouvelles qui nous éblouissent un peu plus chaque jour.
Peut-on se contenter d’en prendre acte, sans plus, comme si cela allait de soi, sans marquer notre reconnaissance devant la qualité du travail accompli au risque de décourager les artistes ?
Et cela à Cannes, qui l’an passé a offert sa Palme d’or à « Entre les murs » ? Cette distinction donne à notre Festival des Droits à l’Education la légitimité d’insister sur le message artistique et politique que certains n’arrivent pas à prendre en compte.
Non bien sûr. C’est pourquoi nous, c’est à dire la FERC-CGT, le SGEN-CFDT, la FSU, la FCPE du Var avec le soutien de la FCPE des AM qui tient aujourd’hui son Congrès départemental, nous, donc, avons décidé d’extraire quelques joyaux parmi les mesures fortes qui portent notre système éducatif à un niveau jamais atteint. Et comme nous sommes à Cannes nous allons les distinguer d’un signe qui symbolise l’excellence et le respect depuis toujours sur les rives de la Méditerranée : nous allons les palmer !
Palme du plus mauvais scénario, décerné à l’unanimité par l’amicale des comptables obtus : aux suppressions d’emplois. 25000 réalisés à ce jour, autant à venir d’ici deux ans, qui dit mieux ?
Palme de l’organisation du désordre, décerné par l’association des maires de France : au service minimum d’accueil, qui concilie l’absence totale de concertation et la confusion entre éducation et stockage faussement sécurisé des minots.
Palme de l’efficacité décerné par le pool des énarques masqués de l’EN : au respect des métiers et des missions. Quoi de plus efficace en effet de faire faire n’importe quoi à n’importe qui en le payant n’importe comment ?
Palme des effets spéciaux décerné par la société « informatique et ineptie » : aux remplacements virtuels, en effet personne n’a rien vu.
Prix spécial naphtaline décerné par le syndicat des entrepreneurs de pompes funèbres pour : les nouveaux programmes. Avec une mention spéciale pour ceux de la technologie en collège, considérés comme « juste impossibles » à mettre en œuvre.
Prix du meilleur espoir décerné par l’assemblée des gérontes : à l’école maternelle, démantelée, laminée, vidée de son contenu, elle pourra enfin conforter les injustices sociales qui forment le socle des valeurs que notre ministre s’évertue à promouvoir.
Enfin palme d’or de la réussite pour tous décerné conjointement par le Medef et le jockey club : aux ZEP. Purgées enfin de leurs meilleurs éléments et des moyens supplémentaires qui leur permettaient jusqu’à maintenant d’entretenir des espérances, elles vont pouvoir disparaître et avec elles cette idée incongrue : donner un petit peu plus à ceux qui ont le moins.
Comme tout palmarès celui que nous venons de rendre public est sujet à contestation : Pourquoi avoir oublié, par exemple, de mentionner l’effort remarquablement efficace pour ridiculiser les concours de recrutement des enseignants ? Pourquoi ne pas honorer le mépris total pour tout ce qui concerne leur formation ?
Mais le grief le plus lourd porte sur ceci : vous récompensez des actes et vous négligez complètement les hommes qui sont derrière !
L’homme, ce capital le plus précieux ainsi que le disait Joseph S, le maître à penser des princes qui nous gouvernent.
Nous avons décidé de corriger, au moins en partie, cette lacune en attribuant 3 navets d’honneur à des femmes et des hommes qui ont bien mérité qu’on les distingue enfin.
Pour l’ensemble de son œuvre, nous avons l’honneur et l’avantage de décerner un navet d’or à M. Xavier Darcos. Ce navet distingue un homme à la carrière exemplaire autant qu’atypique : Condamné au pénal pour divulgation des sujets du bac qu’il était chargé d’élaborer, il n’en devient pas mois recteur puis ministre de l’Education Nationale où il donne enfin toute la mesure de son talent. Qui osera dire encore que la République n’offre pas une autre chance aux petits délinquants qui persévèrent dans la nocivité ?
Navet d’argent M. Christian Nique, notre recteur qui se demande pourquoi les élèves de notre académie ne réussissent pas mieux à l’école sans jamais évoquer le fait que notre académie est bonne dernière en France en ce qui concerne les taux d’encadrement, qu’elle connaît les classes les plus chargées en secondaires et les remplacements les plus insuffisants en primaire.
Ex æquo son prédécesseur M. Hardouin qui a réussit un autre exploit : supprimer pour la rentrée prochaine dans l’académie de Nice, autant de postes d’enseignants qu’il prévoit d’élèves supplémentaires : une centaine d’élèves en plus, autant d’enseignants en moins, qui dit mieux ?
Pour terminer un navet de bronze collectif à nos élus nationaux, députés et sénateurs du Var et des Alpes Maritimes qui, malgré les multiples sollicitations dont ils ont été l’objet ont eu la force d’âme de ne jamais répercuter au près du MEN les manques dont souffre notre académie, ou s’ils l’ont fait, ont eu la capacité de ne jamais rien obtenir.
Pour terminer nous regrettons vivement que les lauréats n’aient pu, pour des raisons diverses, venir à Cannes retirer leurs récompenses. L’accueil aurait été chaleureux. à la hauteur de leur détermination à dépecer l’Ecole.
Mais nous les rassurons, nous ne laisserons pas détruire notre système éducatif, l’Ecole de la République.
Nous serons là et bien là, prêts à continuer nos actions, à alerter l’opinion publique, à dénoncer tous les mauvais coups et bien sûr, à récompenser comme il se doit les apprentis fossoyeurs.
Cannes, le samedi 16 mai 2009