A l’occasion de ce quatrième rassemblement à Toulon pour les libertés publiques, chaque organisation ou collectif est intervenu à tour de rôle. L’occasion pour la FSU du Var de rappeler que fichage et répression durent de longue date contre les syndicalistes.


Prise de parole de la FSU du Var

Cette loi de sécurité globale s’inscrit dans la continuité des politiques précédentes visant à faire taire les contestations. Car cela fait maintenant plusieurs années que les syndicalistes sont confrontés à une répression croissante et à une volonté de fichage à grande échelle. Macron tape fort, mais d’autres ont commencé bien avant lui. La loi et les décrets s’inscrivent dans une logique à l’oeuvre depuis trop longtemps.

Lancé en 2001 par le gouvernement Jospin, le fichier national automatisé des empreintes génétiques devait être réservé aux auteurs de crimes et délits sexuels. Mais il s’est progressivement ouvert pour couvrir la plupart des délits et crimes. En 2006, il comptait 367 000 empreintes. 12 ans plus tard, en 2018, il en comptait 3 millions et demie…

Et les syndicalistes ont été particulièrement visé.es par ces relevés d’empreintes et de salive. Des dizaines et des dizaines de nos camarades placé.es en garde en vue lors de manifestations ou d’occupations, coupables de défendre leur gagne pain. Coupables de vouloir vivre correctement de leur travail. Des gens dignes et débout, soumis.es à des prélèvements ADN qu’ils ont parfois réussi à mettre en échec. La cour européenne des droits de l’Homme a d’ailleurs condamné la France en 2017 pour atteinte disproportionnée à la vie privée.

Autre exemple, le fichier de police Edwige abandonné en 2008 face au tollé qu’il avait provoqué, il prévoyait de collecter les opinions politiques, philosophiques, religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes « susceptibles de porter atteinte à l’ordre public ».

Garant.es de l’intérêt général et porté.es par leur collègues de travail, les syndicalistes sont en premières lignes dans les conflits sociaux.

Le 9 mai 2019, lors d’une manifestation à Nice, notre camarade Olivier militant FSU a été violenté avec une garde à vue de 24 heures éprouvante. Prof en lycée, il a subi un plaquage ventral et un étranglement , il a eu 10 jours d’ITT. Parce qu’il avait chanté « A bas les condés», il a été condamné  à 2 mois de prison avec sursis.

Mais le problème n’est pas uniquement éthique, il est aussi éminemment politique. Le fichage et la stigmatisation des syndicalistes vise à instaurer un contrôle politique de l’action collective. En cette période de crise économique, de casse des acquis sociaux et de montée des inégalités les différents gouvernements ont tenté ainsi d’intimider les salariés susceptibles de se mobiliser.

Bien entendu, ce fichage ne concerne pas la délinquance en col blanc. Les auteurs d’abus de biens sociaux, de corruption ou encore de trafic d’influence peuvent dormir tranquilles…

Bien entendu, les loups ne se mangent pas entre eux…

Non. Leur urgence, c’est de ficher celles et ceux qui sont debout et qui disent non. C’est d’utiliser des drones pour la reconnaissance faciale des manifestant.es qui descendent dans la rue crier leur colère. C’est de multiplier les gardes à vue préventives pour nous faire taire. C’est de continuer d’ affaiblir l’Etat en élargissant les missions des agents de sécurité privée et en donnant de nouvelles prérogatives aux polices municipales.

Au continuum de sécurité, nous répondons par un continuum de solidarité et de luttes. Chers amis, chers camarades, soyez assuré.es qu’ils ne nous feront pas taire !