Une fois de plus, les ministères concernés par la réforme de la formation et du recrutement des enseignants du premier et du second degré ont décidé de ne tenir aucun compte de l’avis unanime de la communauté universitaire. Tous les textes rendus publics depuis un mois, du cadrage général de la réforme à la circulaire sur le contenu des épreuves des concours, confirment malheureusement ce que l’on pouvait craindre. Malgré le refus inédit par la quasi unanimité (des syndicats à la FCPE ou à la CPU) des membres du CNESER le 21 décembre dernier (seuls l’UNI et le MEDEF approuvant le texte gouvernemental), malgré la dénonciation par tous les syndicats des décisions prises, malgré les condamnations de cette politique par près d’une trentaine de conseils centraux d’université, les ministères entendent poursuivre leur démarche de destruction programmée du contenu disciplinaire et professionnel de la formation des futurs enseignants.
Le CE de l’IUFM Célestin Freinet réuni en séance dénonce avec la plus grande fermeté les arrêtés et circulaires rendus publics depuis trois mois sur cette question. A l’instar de l’intersyndicale de l’enseignement supérieur et de la recherche, unanime, il considère que « cette réforme est inacceptable et ne doit pas être appliquée », que les décrets doivent être abrogés.
De fait, il est tout simplement impensable de satisfaire les obligations contradictoires de calendrier (concours en début de Master 2ème année) et de contenu de la formation telles qu’elles sont édictées par les textes officiels : il n’est pas sérieux de demander aux étudiants la même année de faire des stages, de préparer en quelques mois un master recherche, un mémoire, un oral de concours (voire de plusieurs concours), sans compter une initiation aux relations internationales, à l’administration de l’éducation nationale et bien sûr une réorientation anticipée en cas d’échec au concours.
Le CE de l’IUFM Célestin Freinet considère par ailleurs qu’il est impensable qu’une telle réforme engage, sans rien en dire, la suppression des IUFM et de leur potentiel d’expertise pédagogique, ne dessine aucun cadre national, au risque de très grandes disparités territoriales, ne prévoit aucun dispositif d’aide sociale aux étudiants, renforçant la précarité des étudiants. De ce fait, cette réforme aggrave ainsi encore les dispositions qui avaient suscité la forte mobilisation de l’an dernier et va renforcer les logiques de précarisation de l’emploi. Le CE de l’IUFM Célestin Freinet affirme qu’une telle réforme menace l’Education Nationale dans son fonctionnement et dans ses fondements.
Le CE condamne les suppressions de postes dans la fonction publique et particulièrement la diminution du nombre de postes aux concours.
Cette réforme s’inscrit dans un environnement rendu par la LRU fortement concurrentiel. Le CE de l’IUFM Célestin Freinet considère nécessaire et indispensable que s’affirme une convergence entre les universités, sur le plan national comme académique, afin que leur point de vue soit enfin pris en compte par le ministère. Ils appellent toutes les universités françaises par l’intermédiaire de leurs conseils centraux à prendre ainsi une position commune. »
Le CE tient à rappeler que cette réforme entrainerait la suppression de l’année de stagiaire (PE2, PLC2, PLP2, CPE2) à la rentrée 2010 et la mise en responsabilité devant les élèves d’étudiants sans formation professionnelle.
Motion adoptée par 18 voix pour et 6 abstentions
Petit rappel : dans le CE de l’IUFM Célestin Freinet, la partie rectorale comprend 8 représentants (dont5 désignés par le recteur), qui n’étaient pas tous présents.